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"Escalade", entre Pyongyang (Corée du Nord), et Donald Trump (USA).

Le 15/04/2017

Dans POLITIQUE INTERNATIONALE.

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La tension monte autour de la Corée du Nord"Un conflit peut éclater à tout moment", s'est alarmé le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, vendredi 14 avril, à la veille de l'anniversaire de la naissance du premier dirigeant du pays, Kim Il-sung. Après avoir étudié des images satellite du site de test nucléaire nord-coréen, des experts craignent que Pyongyang ne profite de cette date pour lancer un nouvel essai. 

Le contexte est pourtant particulièrement explosif : samedi 8 avril, les Etats-Unis ont envoyé un porte-avions au large de la péninsule coréenne, "par mesure de précaution". "La Corée du Nord cherche des ennuis. Si la Chine décidait d'aider, ce serait formidable. Sinon, nous résoudrons le problème sans elle ! USA", a lancé Donald Trump sur Twitter, mardi. En retour, la Corée du Nord s'est dite "prête à la guerre" et a promis une "réponse sans pitié" si elle était touchée par une frappe américaine.

Dans ce climat très tendu, quel est le véritable risque posé par Pyongyang ? Derrière la propagande nord-coréenne, franceinfo a cherché à évaluer les véritables capacités militaires du régime, avec l'aide de Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.

Des capacités nucléaires difficiles à estimer

Le programme nucléaire du régime de Kim Jong-un est la source de toutes les tensions. Des observateurs, parmi lesquels le président sud-coréen, Hwang Kyo-ahn, craignent qu'il procède à son sixième essai nucléaire samedi 15 avril, pour le 105e anniversaire de la naissance du premier dirigeant du pays Kim Il-sung. Mais si ces essais sont nécessaires, c'est bien parce que rien n'indique que la Corée du Nord puisse utiliser l'arme nucléaire. 

"Ils ont procédé à cinq essais, donc on peut dire qu'ils disposent de la capacité de faire une détonation nuclaire, explique Valérie Niquet. Mais on ne sait pas s'ils savent miniaturiser l'arme pour la placer sur un missile." Kim Jong-un a certes annoncé que ses scientifiques y étaient parvenus en mars 2016, et que l'essai le plus récent, en septembre 2016, était celui d'une arme miniaturisée, mais les experts en doutent.

"C'est la condition à ce qu'elle soit utilisée concrètement, précise Valérie Niquet. Aujourd'hui, on ne peut plus imaginer larguer une bombe nucléaire par avion." Si la Corée du Nord réusissait à relever ce défi technique, elle serait en mesure de lancer une frappe nucléaire, mais Pyongyang serait limité par la portée des missiles testés jusqu'à présent. Le régime de Kim Jong-un a "la capacité de frapper tout le territoire de la Corée du Sud, et notamment les bases américaines" situées dans le pays et "le nord du territoire japonais, jusqu'à Tokyo", explique Valérie Niquet. Mais pas les Etats-Unis directement.

Des missiles et une artillerie capables de toucher ses voisins

Si le degré de la menace posé par l'arme nucléaire coréenne reste nébuleux, la capacité balistique de Pyongyang inquiète ses proches voisins. Car avec ses tests, la Corée du Nord tente de contourner les systèmes antibalistiques déployés ou en cours de déploiement en Corée du Sud et au Japon. En mars, le pays a tout récemment expérimenté un tir groupé de quatre missiles pour multiplier ses chances de passer entre les mailles du filet : trois sont retombés dans les eaux japonaises, à moins de 300 kilomètres des côtes.

Tokyo a d'ailleurs organisé pour la première fois, ce même mois, un exercice de sécurité destiné à simuler une frappe nord-coréenne contre une ville côtière du nord du pays, Oga. Et jeudi, le Premier ministre japonais Shinzo Abe s'inquiétait d'une autre menace : celle que la Corée du Nord "soit déjà capable de lancer une ogive contenant du sarin", une arme chimique. "On sait qu'ils ont des stocks d'armes chimiques", confirme Valérie Niquet.

Reste un doute : la Corée du Nord est-elle capable de lancer des missiles en conditions réelles ? "Si elle subit une frappe, on peut imaginer qu'elle sera dans un certain état de désorganisation, estime Valérie Niquet"Comment fonctionne sa chaîne de commandement ? On n'a aucune expérience de son degré d'efficacité en situation de guerre." Les missiles nord-coréens avaient l'inconvénient de fonctionner au carburant liquide, nécessitant un certain temps pour remplir leur réservoir, à l'aide d'un important dispositif facilement repérable, avant d'être lancés. Mais en février, Pyongyang a testé un missile au carburant solide, qui pourrait être déplacé déjà rempli, et donc accélérer une riposte nord-coréenne.

Pyongyang dispose aussi d'armes plus classiques : "La Corée du Nord a massé ses capacités d'artillerie traditionnelle à la frontière. Même si on estime qu'elles ne sont pas dans un état parfait, c'est un moyen facile de riposter par des frappes contre Séoul", à une cinquantaine de kilomètres de la frontière, avertit Valérie Niquet.

Une armée pléthorique mais délabrée

La Corée du Nord dispose aussi d'une armée, dont les effectifs, parmi les plus importants du monde, sont estimés à près d'1,2 million de soldats. Mais le nombre ne fait pas tout. "Leur équipement est sans doute en très mauvais état estime Valérie Niquet. "Tous les moyens sont mis sur les capacités balistiques" du pays, les seules qui permettent à la Corée du Nord d'instaurer un rapport de force "dans une situation de guerre asymétrique entre une petite Nation et une grande puissance comme les Etats-Unis."

Les capacités de la marine nord-coréenne sont tout aussi incertaines. "On a beaucoup dit qu'ils avaient commencé à acquérir des sous-marins pour lancer des missiles, mais ils en sont sans doute très loin, dans la mesure où même la Chine a beaucoup de mal à se développer dans ce domaine".

Quoi qu'il en soit, les capacités des soldats nord-coréens ont peu de chances d'être mises à l'épreuve, tant "les Etats-Unis n'ont absolument pas l'intention de s'engager dans un conflit au sol" en Corée du Nord, "sauf à imaginer un effondrement total du régime" dont on est encore très loin.

Des capacités naissantes pour la guerre informatique

Outre la balistique, la Corée du Nord est soupçonnée d'avoir, ces dernières années, développé ses capacités de piratage informatique. Le FBI l'a notamment accusée d'avoir mené une attaque contre la société Sony Pictures en novembre 2014, un mois avant que celle-ci ne sorte le film The Interview, une comédie dans laquelle des Américains assassinent Kim Jong-un. Elle est aussi soupçonnée d'être derrière le piratage de plusieurs banques et médias sud-coréens en 2013. Mais rien n'indique pour l'instant que les pirates de Pyongyang peuvent s'en prendre à des cibles plus sensibles. 

"La Corée du Nord semble avoir développé ses capacités à pénétrer certains systèmes ou envoyer des virus, estime Valérie Niquet. "Mais je ne pense pas que le pays ait les moyens d'exercer une riposte significative contre les intérêts américains. Encore moins contre leurs centres de communication très protégés, qui seraient impliqués dans un éventuel engagement militaire."

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