Il est probable qu’aux yeux de beaucoup le fait de poser l’index sur cette notion puisse paraitre étrange, ou déplacé.
C’est une grave erreur car derrière ce mot et les différentes interprétations que chacun en fait ou simplement le refus d’observer à quel point cette « commode à tiroir »peut être complexe, est surtout interpellant se cache une volonté farouche, de vouloir ne voir chez « l’autre », que le strict reflet de ce qui nous rassure, sur ce que nous pensons être (à défaut de l’être véritablement), entendre défendu ou exposé, uniquement les discours ou théories qui nous rassurent, nous positionnant ainsi comme une forme de modèle que l’on considère alors, comme supérieur à l’Autre.
Un jour une « amie » qui toujours avait eu l’intelligence en message privé de me tenir certains discours sur le couple « mûr », et « sans passion », de nature à toujours m’apaiser ou me faire réfléchir, en vint à me dire la chose suivante.
« Je t’assure Françoise tu ne te rends décidément pas compte. Mais je t’assure que tu n’es décidément pas « normale . Ecrire autant de choses, sur autant de sujets aussi divers , ça n’est décidément pas normal ».
La vérité consistait dans le fait que de vivre elle, une histoire « habituelle, et consensuelle » avec un mari dont elle ne partageait je suppose plus grand-chose de passionnant, était la seule voie « raisonnable » pour une femme « mûre », et que de voir que ma vie était certainement plus passionnante que la sienne et que surtout, je ne me contenterai pas de rester mariée à un homme, sans l’aimer véritablement et réellement tout partager, la dépassait véritablement.
Tant que je pleurnichais, sur mon couple sans passion, notre relation fraternelle, était à ses yeux parfaitement « recevable », et surtout la rassurait elle, mais des l’instant qu’il s’agissait, de me voir, moi regarder par la fenêtre un avenir plus prometteur, que sa destinée à elle, avait du lui sembler, plus qu’insupportable, et elle lâchât donc, cette « injure » qui mettrait fin définitivement à notre amitié…..
J’ai mis ce mot entre guillemet puisqu’à mes yeux ça n’a jamais été le cas, mais il arrive que de voir les autres emprunter un chemin qui nous met mal à l’aise, génère ce type de comportement.
Je lui laissais entrevoir par mon parcours à quel point le sien, lui semblait fade et la relation à son mari triste, et dépourvue de passion et ça elle ne supportait pas.
La « normalité » est une notion qui en vérité joue un rôle très important, sur le plan politique, aussi.
Dans la classe politique par exemple, il est logique et cohérent, assez souvent d’entrer en politique non pas pour soutenir des idées qui aurait du être à la base de cet engagement, mais plutôt par opportunisme professionnel…
Ainsi, on voit souvent des gens faire des grandes écoles dans ce but, sans véritablement avoir Foi en certaines valeurs matérialisées par certaines convictions, mais plutôt par choix de carrière se garantissant ainsi, une forme d’appartenance future à une caste sociale, qui aurait statistiquement, plus de chance de leur faire faire les bonnes rencontres, pour leur future carrière et leur futur train de vie.
Au contraire, refuser la norme pré établie, en assumant des sa jeune vie d’adulte, une personnalité plus marginale et authentique, si elle est sincère ne peut qu’alimenter une force de vie, qui consiste à faire éclore au fond de son cœur le terreau propice, à faire naitre de véritables idées qui peuvent alors véritablement, étayer une vraie démarche politicienne au sens le plus noble du mot, et ouvrir éventuellement une voie royale, vers cette destinée.
Mais je vois quelques énarques tellement tentés de griller les étapes, pour être bien sûr de pisser plus loin que leurs voisins en train d’énumérer ce qui dans leur parcours, pourrait servir de sésame pour garantir que oui oui, « si si je vous assure je fais l’ENA pour les bonnes raisons ».
Dans les familles au moment des réjouissances de Noël, même topo… Vous êtes « normal » si vous épousez le moule consensuel, du mariage hétéro, et avec enfant, ou au moins concéderez vous le fait d’avoir envie d’en avoir un jour.
Que celui qui n’entre pas dans le moule, fasse gaffe à ses oreilles. S’il est au chômage c’est qu’il y a de bonnes raisons (les chômeurs sont tous les fenians, c’est bien connu) s’il est PD ou elle est lesbienne n’en parlons pas… S’il est artiste qu’il aille direct griller en enfer et on ne le retient pas.
Comme disait Coluche déjà, à l’époque « et pour celui qui sera petit laid, et noir ça sera très dur ».
Il avait oublié PD il me semble mais je ne lui en tiendrai pas rigueur.
Un livre est sorti sur le sujet, qui traite de la normalité.
http://livre.fnac.com/a6730851/Roland-Coutanceau-Faut-il-etre-normal
Pour ce qui concerne le milieu artistique je serai tenté de dire moi « peut on se permettre d’être normal » tant la non normalité, fait figure de référence.
Car c’est bien dans l’épanouissement, et le fait d’assumer sa marginalité (comme c’est mon cas), que réside le fait d’augmenter ses chances d’y trouver son bonheur et surtout son équilibre personnel.
Ensuite, la façon dont cet équilibre personnel, sera perçu ou pas, accepté, ou pas, par l’entourage et la société, ne concerne la notion de normalité que comme perçu par autrui mais plus par soi même, ce qui déjà simplifie sensiblement, le problème.
Quand à la psychiatrie si par ce livre, le message consiste en grande partie à dédramatiser le problème au sein des sociétés démocratiques, je pense qu’il n’est pas superflu, de préciser que dans bien des pays dont en tout premier lieu, les dictatures, la psychiatrie en ces pays n’est rien de moins, que parfaitement complice, des tyrans en lobotomisant de façon médicamenteuse (dans le meilleurs des cas) les dissidents politiques……
Il n’est pas superflu de préciser cependant qu’il est parfaitement envisageable aussi que certains psychiatres ne choisissent de protéger certains patients en les maintenant sous des statuts, parfaitement erronés de malades mentaux, et gardés dans l’enceinte des hôpitaux psychiatriques, dans le seul et unique but, non pas de les museler politiquement, mais de leur sauver la vie, à l’insu du tyran au pouvoir.
Je dis bien « envisageable », mais je n’ai jamais moi entendu pareils cas…
Dans cette hypothèse il est parfaitement probable que ces derniers, qui se croient bien intentionnés, sous estiment parfaitement les retombées psychologiques d’une telle stigmatisation.
Mais la cage fut elle dorée, tue l’oiseau, de la façon la plus certaine et la plus irrémédiable.
Mais le livre dont il est question traite de la « non normalité » sous l’angle psychiatrique.
Certes, les psychiatres, « experts, ou pas » prétendent eux, que la démarche artistique, est parfaitement salutaire relativement l’épanouissement personnel et donc effectivement apte à « soigner », la maladie mentale….
J’ai en mémoire, l’expression du « gentil psychiatre » (tous sans aucune exception), quand on aborde le sujet…
« Elle va se remettre à peindre la petite dame, et puis arrêter de nous emmerder ».
Seulement voilà. Les psychiatres eux s’ils sont sensibles généralement à l’Art, n’ont généralement absolument pas été artistes, et le processus de création, pour eux, est une démarche qui leur est profondément étrangère.
Ainsi on pratique « l’art thérapie », de telle heure à telle heure, avec « madame machi chose », qui a son diplôme d’art thérapeute……
Je serai bien curieuse de savoir ce qu’on lui a appris, à cette dame et comment elle, envisage son métier et surtout la façon dont la démarche artistique va s’inscrire une fois le « patient », retourné dans la vie véritable……
Car considérer le fait que la démarche artistique ait réellement à voir avec le bien être du patient psychiatrique n’a de valeur à mes yeux que si une fois sorti, l’entourage notamment, a réellement pris conscience « qu’il faudrait faire avec » sinon, c’est autant pisser dans un violon.
Le cas de Camille Claudel même s’il ne date pas d’hier est parfaitement révélateur de ce décalage.
Oui je sais les temps ont bien changé. Et bien rien ne prouve justement que dans la perception du talent d’un patient psychiatrique les choses aient changé « tant que ça », à plus forte raison en ce qui concerne la perception, de l‘entourage.
Et là, vous avez le « pauvre » mari qui récupère sa « pauvre » femme ….
« Mais vous savez monsieur il y avait un vice de forme, au départ une grosse couille dans le pâté, et c’est quand même pas ordinaire regardez moi ça… à présent avec l’art thérapie, au lieu de baver n’importe où dans votre maison elle va avoir envie d’écrire partout, sur les mur dans le séjour sur le plan de travail, dans la cuisine au lieu de se contenter de faire le ménage et faire la cuisine comme « le modèle de base », sur les vitres avec un marqueur, et si jamais vous commetez l’irrémédiable erreur de ne pas l’alimenter en papier, cahier, peinture etc mon pauvre monsieur comme je vous plains, elle est toute cassée plus du tout conforme au modèle, que vous aviez acheté le jour de votre mariage, vraiment je compatis, je ne sais vraiment pas comment vous allez pouvoir gérer une telle calamité ».
Et oui que voulez vous… « ça sent le vécu ».
Je m’étais entendu dire cela aussi alors que j’écrivais, non pas à Thomas Fersen grand Dieu non non… L’histoire de notre jardin…… « C’est quand même pas NORMAL »….
Sa sœur alors lui avait lâché au téléphone « bon et bien maintenant il faut que tu trouves un moyen de t’en débarrasser ».
Il m’avait pourtant bien envoyé à l’HP à l’époque le jour de mon anniversaire qui plus est… Dans l’espoir que je redeviendrai NORMALE. Mais ça n’a pas marché.
Mais je vois que sur le plan politique, je n’ai évoqué ce problème de normalité, que vu sous l’angle politique version « acteur politique », relativement à la démarche telle qu’elle peut ou pas être à l’origine du fait qu’on choisisse d’y entrer « ou pas », alors que dans l’esprit des gens c’est relativement à leur aptitude ou pas à percevoir l’autre que cette notion de normalité entre en jeu.